Eriger des funérailles en moment de fête ou honorer un défunt dans la joie peut choquer nos mentalités et paraître déplacé dans notre société. Il s’agit pourtant d’une manière d’intégrer la réalité de la mort, de faire vivre le souvenir de proches disparus et d’accomplir le processus le deuil. En voici quelques exemples…
Traditions funéraires et festivités
Les rites funéraires de certaines cultures, parfois très proches de notre propre sphère culturelle, peuvent faire l’objet de réjouissances.
A la Nouvelle-Orléans, les Jazz Funerals (ou plus correctement, funerals with music) sont des processions funéraires accompagnées de fanfares. Influencés par la spiritualité afro-américaine mais aussi par le passé colonial de la Louisiane, ils permettent d’exorciser la mort et de rendre hommage au défunt à travers la musique et la danse. Démarrant sur des airs sombres et solennels, le Jazz Funeral se termine sur des airs joyeux et festifs, tels que When the Saints Go Marching In, accompagnés par les danses et le déhanchement du cortège et du public.
Au Mexique, le célèbre Día de muertos ou Jour des Morts, le 2 novembre, est marqué par plusieurs jours de réjouissances et de festivités. Des autels privés, dédiés aux personnes disparues, sont dressés et couverts d’offrandes (fleurs, fruits, photos, objets personnels…). Les familles visitent leurs défunts au cimetière, y allument des bougies, se réjouissent, jouent de la musique, leur offrent nourriture, friandises, alcool, tabac, etc. Le Jour des Morts est également célébré dans certaines régions du sud des Etats Unis, et véhicule une imagerie très forte jusqu’en Europe.
Rites funéraires : Cimetières joyeux et colorés
Les sites de sépultures peuvent être bien plus que de silencieux lieux de recueillement. Si les cimetières-jardins répandus dans les pays anglo-saxons incitent par exemple à la promenade et à la sérénité, d’autres sites se démarquent par leur caractère insolite et haut en couleurs.
En Roumanie, le Cimitirul Vesel din S?pân?a ou Cimetière joyeux de Sapanta est célèbre pour ses stèles de bois peintes en bleu et décorées de riches motifs colorés. Sur chaque stèle, une sculpture met en scène le défunt et représente un moment de sa vie, son métier, les causes de son décès… Une épitaphe gravée dans le bois complète le portrait, souvent avec humour et malice. En Alaska, le cimetière d’Eklutna cristallise la rencontre entre christianisme orthodoxe et culture amérindienne. Peuplé de natifs alaskiens convertis par des missionnaires russes au 19ème siècle, Eklutna est réputé pour les maisons des esprits érigées sur ses tombes. Ces constructions de bois revêtent l’allure de petites maisons aux couleurs vives, à l’arête du toit fantaisie, parfois dotées de fenêtres. Elles sont réputées offrir un abri à l’âme du défunt avant son passage dans l’au-delà.