Le deuil périnatal

Le deuil périnatal

La perte d’un bébé pendant la grossesse ou quelques jours après la naissance constitue une souffrance incommensurable. Les étapes habituelles du deuil coexistent avec des répercussions psychologiques et physiques douloureuses, parfois mal comprises. Elles peuvent être vécues très intensément et rendre le processus du deuil périnatal plus difficile.

Qu’est-ce que le deuil périnatal ?

Le deuil périnatal désigne la tragédie traversée par les parents et leurs proches après la mort in utero de leur bébé ou de leur nourrisson jusqu’à 7 jours après sa naissance. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS) fait débuter la période à 4 mois et demi de grossesse. Cependant, ce deuil touche les parents dès lors qu’une grossesse entamée n’a pu arriver à terme.

Cette notion renvoie surtout à la souffrance et à l’infinie tristesse, ressenties après une fausse couche, une interruption médicale de grossesse, la mort in utero ou néonatale et la mort subite du nourrisson. Ces situations multiples englobent une réalité commune : celle d’un choc intense qui génère une multitude d’émotions douloureuses. La perte d’un enfant est une épreuve difficile que chacun vit à sa manière, qui fragilise le parent individuellement, mais aussi le couple.

Les spécificités du deuil périnatal, intime et profond

Une lente reconnaissance sociale

La mort in utero d’un bébé ou celle d’un nourrisson est inconcevable. Pourtant, paradoxalement, la société la minimise. Un déni collectif s’instaure face à une mort inacceptable. Il s’installe d’autant plus que l’enfant n’a souvent pas pu être présenté à l’entourage.

Au traumatisme bien réel des parents s’ajoute alors un sentiment d’extrême solitude. Ils ont vécu des émotions et des moments avec leur bébé qui ne leur semblent pas reconnus par les proches : les échographies, les mouvements in utero, les émois des premiers jours.

Ce décalage intensifie leur détresse et leur désarroi. Le cheminement du deuil peut s’en trouver altéré. La législation évolue et donne désormais une identité civile à l’enfant sans vie, ce qui constitue un progrès vers l’acceptation collective du deuil périnatal.

De l’incompréhension et de la culpabilité

Le deuil périnatal se révèle extrêmement traumatisant et déstabilisant pour les parents. Ils peuvent avoir du mal à reconnaître et à exprimer leurs émotions. La perte d’un enfant exacerbe le déni et la culpabilité.

Ils sont confrontés à un combat intérieur, assaillis par le chagrin et la colère. Le sentiment de culpabilité est décuplé pour la femme. Elle peut remettre en cause sa capacité à être mère, éprouver de la honte et du désespoir. Elle porte encore en elle les signes physiques de la relation avec son enfant, ce qui complexifie le travail du deuil.

Les processus qui peuvent aider à engager le deuil périnatal

Des chemins différents selon les personnes

Le processus du deuil périnatal est complexe et unique.  

Durant cette période, des sentiments contradictoires peuvent être ressentis dans la même journée : colère, déni ou remise en question. Il n’y a pas une seule façon pour exprimer son chagrin. Chacun trouve son propre chemin vers l’acceptation.

Les voies empruntées par le couple peuvent parfois s’opposer. Certains veulent s’isoler tandis que d’autres cherchent rapidement du soutien et de l’accompagnement.

Prendre le temps d’aller mieux

Bien que chaque histoire soit unique, des phases communes caractérisent tous les deuils. Ce sont le déni, la tristesse, la colère, la culpabilité, la résignation et l’acceptation. Selon les personnes, certaines étapes peuvent prendre du temps ou au contraire passer inaperçues. Le processus du deuil peut sembler long et il peut être tentant d’enfanter à nouveau peu de temps après le décès. Le corps médical recommande la prudence pour ne pas raviver une douleur qui n’a peut-être pas pu totalement s’apaiser.  

Donner une existence légale et sociale à son enfant

La loi permet désormais de choisir un prénom et de donner le nom de famille du père, de la mère ou les deux noms accolés à son enfant mort-né dès la fin de la 15e semaine d’aménorrhée. Un acte d’enfant sans vie peut être dressé, à partir de cette date, une fois le certificat d’accouchement présenté. Il légitime alors l’inscription à l’état civil et sur le livret de famille. La reconnaissance, ainsi accordée, participe au travail de deuil.

Sortir de l’isolement

Les professionnels de santé (psychologues, psychiatres, infirmières…) jouent un rôle important dans l’accompagnement émotionnel des couples endeuillés. Ces spécialistes peuvent procurer une assistance médicale et psychique aux familles.

Il existe aussi différentes associations dédiées au deuil périnatal qui soutiennent et apportent du réconfort moral aux personnes touchées. Ces structures proposent souvent des programmes spécifiques ou des groupes de parole où les parents pourront partager leur histoire. Si dans un premier temps, l’introspection se révèle nécessaire pour certains parents, poser des mots soulage et aide à surmonter le deuil.

Certaines familles préfèrent se recueillir dans un endroit symbolique, regroupant sérénité et souvenirs. Un espace entièrement dédié au deuil périnatal existe au cimetière de la Péronière où un arbre du souvenir y a été installé.

Comment accompagner des parents en deuil ?

Les proches peuvent se sentir impuissants face au chagrin que les parents traversent. Certains ne veulent pas en parler, d’autres s’expriment maladroitement. Un sentiment d’incompréhension réciproque peut en découler. 

Les amis et la famille sont souvent mal informés quant à la manière dont ils doivent réagir ou offrir du soutien. Si vous craignez de ne pas trouver les mots justes, une écoute bienveillante, une présence, de l’aide pour les actes du quotidien, soulagent déjà beaucoup.